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Le chemin du thérapeute

De la volonté de puissance au gemeinschaftgefühl

Mr Yannick Le Jan

Alfred Adler Ile de France Institute

5 passage Gambetta

PARIS, 75020, FRANCE

Phone: 01 40 31 02 17     

e mail: [email protected]

« Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, l’homme est un Dieu tombé qui se souvent des cieux »

Chaque fois  qu’il y a un être vivant, il y a volonté de puissance affirme NIETSCHE. Volonté et puissance sont le mouvement de la vie qui s’exprime à travers l’homme par un élan vital « sous-tendant un idéal de perfection et d’adaptation aux exigences cosmiques ».

La prise de conscience da la chute permet la mis en place d’une dynamique compensatoire. A travers toute une vie le sentiment de personnalité va évoluer du moi d’abord à  moi et l’autre avec la découverte de sa prématurité, puis à moi et les autres et la solidarité qui correspondra à la maturité. Le troisième âge est l’accomplissement du don et de l’être ensemble. Cette dernière période qui peut être celle du gemeinschaftgefühl

Elle peut être le moment de l’expérimentation de la vie dans toute sa complexité et sa richesse : être un individu incarné et relié au tout.

Etre thérapeute, c’est simplement être un homme relié. Dans ce parcours au fur et à mesure de son évolution le thérapeute cheminera sur la ligne de crête entre la volonté de puissance et le lâcher prise.  A travers son chemin de vie le thérapeute adlérien  va expérimenter les différents concepts de la théorie sur laquelle il s’appuie : les aperceptions et possibilités d’adaptations erronées dans sa propre vie. La prise de conscience de la souffrance en même temps signe de son inadaptation à son milieu et du milieu à l’homme va lui permettre d’œuvrer dans le sens de son individuation et dans le sens du progrès de l’humanité.

« Ce qui nous pousse pour avancer dans la vie, pour nous débarrasser des erreurs de notre vie publique et de notre propre personnalité. C’est le sentiment social opprimé » A. Adler.

Education et “gemeinschaftgefül”.

Fragilités psychiques et inadaptations sociales vont de pair, chaque société secrète ses maux.

Le sens du progrès technique nous incite à avoir toujours plus sur le plan matériel. Le sens du progrès social et spirituel devrait nous inciter également à être toujours plus conscients de nos responsabilités vis à vis de la communauté.

Cette attitude individuelle est très importante pour la construction du “geselshaft” nécessaire à l’évolution du « gemeinshaftgefül ». Notre société évoluant très rapidement, les lois doivent en même temps protéger et responsabiliser les individus.

 Dans mon exposé sur les rapports entre éducation et « gemeinshaftgefül », je ferai référence aux jeunes des banlieues de la région parisienne que je fréquente chaque jour et qui pour certains d’entre eux sont en très grande difficulté mais qui ont encore le choix du sens de leur vie.

Nous aborderons successivement :

A. La situation des jeunes et les formes de violence qu’ils subissent (Violences familiales, scolaires,       sociétales.)

B. La spécificité du  style de vie en milieu hostile.

C. Intervention du “gemenschagefühl”

La loi contre les exclusions du 29 juillet 1998 ;  les moyens de leur éducation et insertion.

D. Nous terminerons par le parcours en « Mobilisation » de monsieur C. et par exemple vécu du « gemeinschaftgefül ». 

Le style de vie s’étudie à partir des caractéristiques physiques de l’enfant, de l’influence du milieu environnant  (évènements individuels et singuliers normaux ou pathologique, évènements collectifs)

La conquête d’une identité mature est difficile car elle met en oeuvre trois critères :

Un critère de permanence, capacité à se projeter dans l’avenir  et à élaborer un projet de vie.

Un critère de cohérence qui permet de porter sur soi un regard qui ne soit pas modifié par des aperceptions trop importantes, influencées par l’émotion, la confusion, l’insécurité.

Un critère de singularité, être capable de se découvrir unique et  de s’engager dans une relation, sans se sentir menacé.

Avec l’abandon de la pensée magique, la pensée logique et technique au sens cartésien a permis aux hommes d’avoir plus de pouvoir sur le réel. En sciences humaines elle nous a permis de nous faire découvrir la « complexité » qui doit prendre en compte « l’aléatoire », histoire du sujet, son désir, son intentionnalité, l’hétérogénéité de la réalité observée. Edgar MORIN parle de bio-anthropo-social.

Cette complexité exige un organe psychique performant ayant des capacités d’analyse, de synthèse, de symbolisation et ayant une grande tolérance au paradoxe.

Elle exige du sujet de sortir de la toute puissance illusoire qui occulte les conséquences réelles de l’acte pour rentrer dans sa puissance, c’est-à-dire dans la prise de conscience de sa capacité à agir d’une manière constructive ou destructive.

 Les personnes en difficulté vivent inconsciemment cette angoisse de la destruction, à travers « l’impuissance » et « l’aliénation ». Leur espace intérieur et les possibilités de se projeter favorablement dans l’avenir s’amenuisent de plus en plus.

Notre monde, privé de perspective donnant du sens, met en évidence un relâchement du lien social et du sentiment communautaire. « Chacun pour soi et dieu pour tous ». Mais quels Dieux ?

En octobre 1999 le professeur Pélicier, professeur de psychiatrie à l’hôpital Necker à Paris, décédé depuis disait :

« Dans les jours qui viennent, ce sont les milieux qui seront plus malades que les individus… Je suis inquiet de ce qui se passe dans les banlieues. Dans un pays comme la France, des zones entières où la pègre fait la loi et entraîne dans son sillage des gens qui n’y étaient pas destinés. »

« Si j‘avais à travailler sur l’orientation d’une pensée comme celle d’Adler, l’un des points forts serait de savoir ce qu’on peut faire compte tenu d’un certain état hostile… Que pourrait-on faire dans un milieu hostile au point de vue social, relationnel et quelle est la réflexion sur les styles de vie convenable dans ce type de circonstance ? »

 Pour A Adler, le sens social doit s’exercer pour être efficace et permettre à la créativité humaine de trouver les solutions adaptées à l’environnement.

L’exclusion peut se définir par la précarité des conditions de vie, la faiblesse des liens avec l’environnement social, la distance vis-à-vis des institutions.

Dans ces situations, violence et domination sont au cœur même des rapports sociaux.

La violence est l’échec de « l’agressivité au sens adlérien » qui vient mettre en relief l’opposition entre le sentiment communautaire et l’aspiration déviée à la supériorité et à la puissance d’un individu ou d’un groupe particulier qui va édicter sa loi dans une logique privée, sans tenir compte du bien de la communauté.

Dans ce contexte violences familiales, scolaires et sociales s’additionnent, formant un tissu inextricable, une somme d’expériences négatives qui influenceront irrémédiablement le style de vie.

A. Violences  familles et jeunes.

On sait que le style de vie est essentiellement marqué par les réactions à toutes les influences relationnelles et culturelles de la petite enfance

Les conditions de vie :

La pauvreté est produite par le processus économique dysfonctionnel. Dans une société de plus en plus riche comme la  France qui glorifie la liberté, l’égalité, la fraternité mais qui ne répartit pas les richesses.

L’habitat social s’il devient une expression de la marginalisation peut être générateur de violence.

Certains quartiers excentrés, mal desservis par les transports en commun soulignent et alourdissent le phénomène d’exclusion : manque de crèches, d’infrastructures sportives, peu d’entreprises où travailler.

La solitude

Chômeurs de longue durée, rmistes, suivis par l’aide sociale, mis sous tutelle etc. se retrouvent parfois sans ressources, à l’hôtel, seuls ou en famille.

A l’autre bout, chez les « bourgeois » ou dans « la haute », le rythme de travail, les responsabilités, le désir de conserver ses privilèges, la vie mondaine crée des familles fantômes où les membres ne se rencontrent plus, ne se parlent plus, chacun est seul.

Les difficultés familiales :

Dans le « meurtre psychique » j’ai parlé du désamour lorsque l’enfant est mis au service de la

 Problématique familiale, il sert de réceptacle à l’angoisse et à la violence que les adultes ne sont pas capables de gérer. Les sévices familiaux sont parfois relayés par une violence sociale.

Psychologie  et comportement humain sont étroitement liés au symbolisme social.

Les repères permettant de se structurer et de lier affectivité et représentation. Ils se construisent dans la relation aux autres, chacun ayant une place dans la société qui transmet langage et culture.

La mise en place d’un cadre technocratique et social de plus en plus performant a amplifié les contradictions. Les pouvoirs publics ont le plus souvent une approche socio-économique et une recherche de résultats immédiats et tangibles au détriment des désirs profonds des personnes.

Difficulté d’autonomisation pour les jeunes

Aujourd’hui la jeunesse est confrontée à une recherche d’autonomie que les conditions sociales ne permettent pas.

L’écart entre ce qui est attendu des jeunes  en difficulté et ce qui leur est possible de faire, la honte que génère l’image sociale négative, l’injonction paradoxale de réussir là où les autres échouent accumule les traumatismes et angoisses en rendant encore plus difficile la compensation du sentiment d’infériorité.

Ces jeunes à l’adolescence auront plus de risques de rupture, de pathologie du lien, d’incohérences subjectives que ceux qui sont dans des familles plus équilibrées, plus protectrices.

Cette autonomie est rendue difficile pour plusieurs raisons.

La durée et le niveau des études se sont allongés

L’accès des jeunes au travail est devenu plus aléatoire, avec le chômage qui apparaît au moment  du passage à la vie adulte la technicité de plus en plus grande.

Le chômage apparaît à un moment charnière qui  est le passage à la vie adulte où le jeune cherche à construire ses propres repères.

Il n’est pas pris en charge par l’assurance chômage et pas encore par le RMI (revenu minimum d’insertion) qui est accordé à partir de 25 ans.

Dans ce contexte, les familles sont fortement mises à contribution.

La maturité affective est devenue plus précoce et l’accès au logement est presque impossible.

Actuellement la notion d’une allocation d’autonomie pour les 16-25 ans est inscrite dans la réflexion politique.( rapport au plan Charvet 2001), Réflexion et Conseil économique et social (Brin 2001).

L’école

Les parents se font parfois complices ou victimes de l’institution, le jugement scolaire franchit les murs de l’école, s’introduit dans les maisons pour demander des comptes. Le climat de la cour d’école ou de la sortie est générateur d’anxiété dans les familles socialement adaptées et qui craignent pour leurs enfants face au racket et aux différentes intimidations.

La personne n’est plus respectée, seuls les résultats comptent : obligation de réussite, moralité nécessaire, pratique de la punition et de l’humiliation, désignation.

L’étayage ne se fait plus. Le jeune passe de classe en classe sans en avoir le niveau ou est envoyé sur des voies de garage.

L’école n’apporte plus à l’élève l’accès à la justice, à la liberté de choix, la perspective d’avoir des chances identiques entre élèves n’existe plus.

Il glisse peu à peu vers la souffrance, l’angoisse et son corollaire la violence contre l’institution.

Dans le domaine de la santé publique une volonté de simplification et de pseudo rationalité destinée à assurer une totale maîtrise se fait jour.

L’insuffisance des moyens face à une demande qui explose particulièrement en hygiène mentale où des listes d’attente donne priorité aux cas lourds au détriment de la prévention chez les préadolescents et adolescents.

 L’image du psy chez les jeunes et dans les milieux défavorisés est négative.

Le traitement judiciaire.

Les sanctions peuvent être différentes selon « que l’on est riche ou misérable ». Il est vrai que les parents qui peuvent négocier avec les professeurs, les juges, les travailleurs sociaux dont ils partagent les représentations sont les plus à même de protéger leurs enfants de la judiciarisation tout en conservant leur autorité.

B. La spécificité du style de vie en milieu hostile.

La situation sociale et économique intervient de façon importante dans la formation de la personnalité. Lorsque les personnes entrent dans une souffrance qu’ils ne peuvent plus cacher, ils adoptent alors des comportements qui dérangent.

La saine agressivité n’étant pas régulée par le sentiment de communauté devient le jouet de la volonté de puissance. L’action immédiate  remplace la transaction,  «  l’autre sujet » n’existe pas en tant que tel.

L’émergence d’états affectifs dissociatifs amène les individus à des manifestations caractérielles asociales de type agressif, à un surinvestissement de l’affectivité amenant timidité, angoisse, survalorisation de soi, hypersensibilité avec passages à l’acte fréquent.

 Adolescents ou jeunes adultes  privilégient la culture de la force liée au coté négatif du style de vie au service de leur économie affective.

La violence gratuite est autodestructive, associée fréquemment à des accidents corporels, toxicomanie, alcoolisation grave, ruptures à répétition, suicides. Elle entraîne une contre violence en escalade de la part des autres jeunes

La perte ou la mise en place d’un idéal social et religieux crée des personnalités qui tournent à vide continuellement étayées par des gourous ou des maîtres à penser ignorants du sens de la loi. Il y a alors résurgence de systèmes mafieux, chacun se débrouille pour assurer sa subsistance ou celle de ses parents (il faut bien de bonnes raisons à défaut de courage) à la mesure de ses besoins et de ses prétextes.

Pour eux le monde est dangereux, le seul moyen de survivre est de prendre les armes (se révolter), de devenir poète (le rap, la musique) ou d’être créatif (la mode).

Plutôt que de s’identifier à des parents déficients, certains jeunes s’identifient au violent, à l’agresseur idéalisé.  « Ben Laden » était traité comme un héros, le meilleur parce que « le plus fort »

Certaines orientations entre justice et psychiatrie ressemblent plus à des situations de rejet qu’à une recherche de solutions. On ne sait pas comment gérer la prise en charge de certains adolescents

Pour en sortir, il faut éduquer et guérir au niveau individuel et  collectif.

C’est la rencontre éducative qui est thérapeutique. Offrir une figure alternative, prête à participer aux émotions du sujet,  un encouragement se basant sur le démantèlement de ses fictions profondes et le plaisir d’apprendre et de découvrir ensemble. De plus un travail d’intériorité est nécessaire pour quitter la position de victime ou de bourreau.

C. Le “geselshaft” : Au niveau collectif en France tout un réseau a été mis en place :

L’ORGANISATION DU RESEAU

MISSIONS LOCALES pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes
P.A.I.O Permanences d’Accueil, d’Information et d’Orientation.

Sur le plan juridique, les missions locales sont des associations créées par des communes ou des groupements de communes. La présidence de l’association est assurée par un élu d’une collectivité territoriale participant au financement de la mission locale. Les instances associatives regroupent les élus des collectivités territoriales, les services de l’État, les partenaires économiques, sociaux et associatifs. 8.800 personnes travaillent dans le réseau.

Elles s’adressent aux jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire sans qualification et sans contrat de travail ou d’apprentissage.

 Proposent d’apporter une solution globale aux besoins de ces jeunes (emploi, vie quotidienne, logement, santé,…) en les aidant à construire un projet de vie et professionnel en relation avec des partenaires externes et des actions adaptées.

Les actions mises en place par le conseil Régional avec les organismes de formation se répartissent en trois catégories.

Découverte des Métiers
Les actions Pré Professionnelles
Les plateforme linguistique (français langue étrangère, illettrisme)

Les plates-formes de mobilisation 

Destinées aux jeunes les plus en difficulté, elles regroupent plusieurs associations qui proposent des accompagnements spécifiques pour une durée de quatre mois en centre et deux mois en entreprise.

Le jeune est pris en charge globalement, pendant 900 heures (6 mois) après  une période de deux semaines d’accueil, un contrat d’objectif est mis en place pour l’aider à résoudre ses difficultés.

Le jeune est suivi par un référent qui est en contact avec l’ANPE, les administrations de l’emploi et de l’action sociale, les établissements scolaires, les centres d’information et d’orientation, le réseau d’information jeunesse, les services de la protection judiciaire de la jeunesse, les services des droits des femmes. les divers services des communes, des conseils généraux, des conseils régionaux, les organisations syndicales des employeurs et des salariés, les chambres consulaires,

Elaboration du projet de vie  et  du projet professionnel. Aide à la résolution des problèmes périphériques (santé, logement, dettes, socialisation, vie quotidienne).

Découverte de l’entreprise par l’intermédiaire de visites d’entreprises, intervention de professionnels, de stages spécifiques, de plateaux techniques restauration, informatique mécanique auto, santé, bio nettoyage, bâtiment, vente.

Actions de bilan, d’insertion. Mobilisation d’aides financières ponctuelles,  accès aux soins ou  au logement.  

Le parcours de C.

Responsable de l’association « Espace vie sociale », nous accueillons des jeunes en difficulté sociale et psychique.

En  09-03-2002 Madame P. correspondante de la mission locale de V. ville de la banlieue parisienne me fait parvenir une fiche de suivi concernant le jeune C.C., elle écrit :

« je viens de recevoir C. pour la Nième fois, il est désespéré car il ne trouve pas d’issue. Reconnu COTOREP pour un handicap physique (un doigt raide). Il ne trouve aucune issue et m’inquiète beaucoup.

La COTOREP est l’organisme officiel reconnaissant les handicaps physiques et psychiques, décidant de placer les personnes selon leur handicap dans différentes catégories A, B, C, leur permettant soit d’avoir une rente d’invalidité soit d’être placé en milieu de travail ordinaire, des avantages fiscaux étant octroyés aux entreprises, soit en milieu protégé CAT (centre d’aide par le travail).

C. a déjà commencé une formation sur l’association C  le 13 juillet 2001 avec le projet de cuisinier, il en sort le 18 septembre 2001 sans aucun projet professionnel. Il sort de la plateforme pour motif médical avec l’indication « inapte au travail » Sa reconnaissance COTOREP reconnaît une incapacité à 80% en ajoutant « la commission ne vous a pas reconnu inapte à tout emploi ».

Avec cette reconnaissance très imprécise C. a beaucoup de difficultés à trouver un emploi.

Après un premier entretien C. intègre la formation le 24 septembre2002, il est resté un an sans rien faire. La mobilisation sur projet durant six mois, il lui reste quatre mois et demi pour trouver une solution. Il a été également suivi par un autre organisme « O 91 » qui s’occupe de l’insertion des handicapés et qui malgré une demande de réévaluation de son handicap n’a pu aboutir.

Une évaluation en date d’avril 2002 nous indique que C. a une grande envie de se former et de travailler. Elle insiste sur la « logique personnelle de C., ses raisonnements peu accessibles qui ne permettent pas une évaluation en terme de personnalité.

Ma connaissance de C. m’a permis de préciser quelques lignes de son style de vie :

Adaptation :

C. a peu de facultés d’adaptation mais fait tout son possible avec beaucoup de bonne volonté, de tendance obsessionnelle, est très sécurisé par le cadre accueillant  et ferme le valorisant.

Agressivité :

Très canalisée dans un sens utile s’il n’est pas trop angoissé sinon pourrait passer à l’acte. C. a fait seul ses démarches de recherche de stage pratique en entreprise, il a réussi à avoir des rendez-vous.

Ambivalence : très forte, peut passer rapidement sur des registres totalement opposés (amour- haine). Est excessif lorsqu’il n’arrive pas à assumer les buts qu’il juge réalisables.

Hypersensibilité :

C. se sent blessé et veut être comme les autres, très sensible à la moquerie. Grande crainte par rapport à son avenir. Il peut exploser ou rester dans le mutisme.

Mensonge vital :

Trouve toujours des prétextes à ses échecs, accuse souvent les autres. Ce comportement va diminuer au fur et à mesure de la reconnaissance de son handicap.

Attitude hésitante :

Compensée par une grande assurance, agit comme un bulldozer lorsqu’il a décidé. Son argumentation est parfois incohérente.

Infériorité :

Sentiment étrange de déni d’infériorité. Sur la défensive ne cherche pas à entrer dans le point de vue de l’autre.

Compensation :

A du mal à compenser son complexe d’infériorité qui doit le mettre trop en danger. Il refuse ses difficultés. Peut être explosif, voir violent.

Dépréciation des  autres :

Cherche à se valoriser en critiquant les jeunes autour de lui ou ses collègues de travail. Affirme qu’il est très compétent et que ce sont les autres qui font mal leur travail, qu’on lui manque de respect.

Distance :

N’à pas toujours le sens de la réalité, s’enferme dans un certain mutisme.

Lorsqu’il parle de lui il dit qu’il est tout à fait prêt à rendre service, sûr de lui, calme, coopératif.

Il est plus ou moins habile de ses mains, persuasif, curieux, attentif aux autres, indépendant.

Il est un peu logique, original, ambitieux.

Il n’est pas du tout réaliste.

A l’entrée en formation son grand désir de travailler lui fait dire :

« Je suis comme tout le monde, je suis compétent, je vais travailler dans la restauration et vous devez le reconnaître ».

Une première période a permis à C. de se poser, il a suivi régulièrement la formation en participant aux activités  et en étant rémunéré. C. a besoin d’un regard bienveillant et sécurisant. Protégé par sa maman, son père ne veut pas reconnaître son handicap et le considère comme inutile puisqu’il ne travaille pas.

 Entré en formation, le fait de toucher un salaire le valorise aux yeux sa famille. Pendant la seconde période, il va se confronter à la réalité du monde du travail au travers de stages pratiques chez un professionnel.

Il obtient un premier rendez-vous dans un restaurant gastronomique en rencontrant le chef, le second rendez-vous avec la directrice n’est pas concluant, un peu au dessus de ses moyens. Le travail en batterie exige compréhension rapide, grande discipline, qualités incompatibles avec le profile de C. L’évaluation de l’entretien permet de faire comprendre à C. qu’il a choisi un travail au dessus de ses moyens et qu’un réajustement est nécessaire.

Quelques temps après, il a un entretien avec le responsable de « Léon de Bruxelles ». Il refuse car il pense qu’on ne l’a pas bien reçu. Je soupçonne qu’il s’est senti très en insécurité.

Un dernier stage est trouvé à « la résidence du chemin vert » à Draveil, pour personnes âgées. Il va rester trois semaines. Il est en confiance avec la responsable des cuisines. Elle part en congé et le lendemain C. est incorrect avec la responsable de secteur de passage dans la structure et ne s’entend pas avec un de ses collègues. Il interrompt  son stage deux jours avant.

L’évaluation du stage fait apparaître que C. a besoin d’être encadré par une personne en qui il a confiance, qu’il a pris son travail  cœur, a été assidu, qu’il est lent et a besoin d’être stimulé. Cette évaluation est positivée par la responsable compte tenu des craintes de représailles vis-à-vis de l’institution.

A sa sortie de formation un bilan a été fait avec madame P. très angoissée de n’avoir pas trouvé de solution pour C. Je décide de faire le courrier suivant, décidant de mettre la COTOREP en face de ses responsabilités.

Association X

Adresse       Madame V…

                                                                                                          Mission locale

                                                                                                                Avenue Maurice Thorez

                                                                                                              91000 SEINE

Madame V… ,

Lors de notre dernier entretien concernant la suite possible du parcours de C…, je t’ai fait part des difficultés qu’il rencontre en entreprise.

En effet C… a tout d’abord cherché plusieurs stages qui lui ont été refusés, il en a trouvé un ensuite à « Léon de Bruxelles » qu’il a tenu une journée, n’aimant pas être commandé brusquement.

Le stage à « la résidence du chemin vert » à Draveil a tenu trois semaines lorsque la responsable était là et qu’elle a su le canaliser, le dernier jour alors qu’elle était absente il y a eu un incident qui aurait pu mal tourner.

Compte tenu des évaluations que nous avons eu avec C…, il ne nous semble pas possible qu’il puisse travailler en milieu de travail normal.

Nous pensons qu’un travail en milieu protégé serait plus indiqué.

En effet, ce jeune est de plus en plus angoissé devant les difficultés qu’il a à trouver sa place et il est possible qu’à long terme il puisse avoir un comportement de type passage à l’acte.

Il me semble important d’avertir la COTOREP de cet état de chose, elle prendra alors ses responsabilités, C… semblant avoir plus que le seul handicap de son doigt.

Nous tentons de trouver un stage pour le moment.

Je te prie d’agréer, V… mes salutations distinguées

                                                                                                       Yannick LE JAN

Quelques temps après C. a manqué de passer à l’acte à la mission locale et a créé une petite frayeur  à la mission RMI (revenu minimum d’insertion), ne pouvant avoir d’allocation avant ses 25 ans.

Il vient d’être reconnu COTOREP et pourra entrer en CAT (centre d’aide par le travail).

Maison de CACHAN La vie au grand air.

Travail de co-éducation : mis en place en 1986. La répétition n’est pas une fatalité.

La politique sociale des années 80 en France préconisait de sortir les enfants d’un milieu pathogène et mettait les enfants en face d’une double fidélité impossible. On appelait ces enfants « enfants miettes ». Le rapport Bianco-Lami en 1980 a pointé l’insatisfaction des services éducatifs de mettre parents et éducateurs en opposition ; ces derniers ayant un statut de référent, désirant faciliter la  responsabilité parentale.

Un travail de co-éducation a été mis en place avec des réunions de famille avec la présence du père, de la mère, de l’enfant et de l’équipe éducative (composée de l’éducateur référent, de l’assistante maternelle, d’un cadre et de la psychologue. Le but étant de ne pas mettre le doigt là où cela fait mal, s’imprégner des valeurs familiales afin de mieux comprendre le jeune.

Les parents sont reçus régulièrement pour parler de l’enfant par l’équipe qui espère ainsi pouvoir être accueillie par les parents. Le jeune peut ainsi découvrir dans un climat sécurisé des moments de son histoire personnelle. Le retour des parents est qu’ils se sentent accueillis, non culpabilisés, étayés, objets d’une curiosité bienveillante, heureux d’être écoutés ailleurs que dans le quotidien.

La réflexion de l’équipe avant la mise en place de ce travail collectif avec l’ensemble des parents et des jeunes a fait émerger la peur face à la problématique des familles.

Les règles suivantes ont été établies :

Ne pas exposer son histoire personnelle pendant la réunion des adultes (parents, équipe éducative).

En réunion de famille, on peut aller un peu plus loin.

Les enfants ont des réunions ensemble sans les parents, ils participent au conseil de la vie sociale.

Favoriser l’agir ensemble entre parents et enfants.

L’émergence d’un “gemenschaftgefül “:

Un “geselshaft” s’est mis en place progressivement : régularité des réunions, prise de responsabilités, amélioration du règlement, nomination de délégués des parents, tuteurs.

Le sentiment communautaire a permis de voir les parents sous des facettes inconnues et valorisantes. L’émotion de participer à un travail concret positif a pu être partagée Un sentiment égalitaire partagé entre parents et éducateurs a vu le jour facilitant la collaboration.

La découverte d’un espace où le contre don n’est pas l’effet d’un calcul, la dette créant le lien social par effet de réciprocité.

Ces deux exemples montrent l’intérêt d’expérimenter le “gemenschaftgëful” dans la vie de tous les jours. Je pense que c’est un remède miracle, un baume adoucissant les rigueurs de l’individualisme et une aide à la créativité.

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